jeudi 2 juin 2016

Haro sur les mendiants!


Pour taper un tatouage aux couleurs qui claquent, il n’y a pas de miracle, plusieurs facteurs interviennent : l’expérience du tatoueur (primordiale), le réglage des bécanes, le montage, la forme d’ogive et la résilience des aiguilles et enfin, la qualité des couleurs!

J’en parle aujourd’hui parce que, comme environ deux fois par mois, est venu au shop un quémandeur vulgaire, innocent et nanti d’un culot en acier inoxydable:

- Bonjour, vous vendez des couleurs?

- Non


- vous avez une adresse pour en acheter?

- Non

- M’enfin, vous achetez bien les vôtres quelque part!

- Oui, mais je ne te dirais pas où !

- C’est pas cool !

- Bon, écoute garçon, cette info-là, c’est un truc qui se transmet de bouche de tatoueur à oreille de tatoueur. Soit tu es tatoueur, et en fait, tu connais déjà l’info, soit tu ne l’es pas, et tu n’en a pas besoin, pas vrai ?

- Ouaiiiis mais heuuuuu, je tatoue chez moi et…

- Donc, t’es un concurrent. Alors, je t’explique, parce que j’en ai plein les bottes qu’on me prenne pour un pélican, pour l’UNESCO, pour Sainte Thérèse d’Avilla. Donne-moi une seule bonne raison de filer un coup de main (autrement qu’en travers de la gueule) à un gars qui va faire chez lui des tatouages au rabais, puisque tu ne paies ni loyer, ni TVA, ni lois sociales, et qui en plus va faire de la daube?

-Mais je ne fais pas de la daube!

- Alors tu es un vrai pro, pas vrai ? Et dans ce cas, retour à la case départ : tu n’as pas besoin de l’info que tu mendies tel un tamanoir glaireux !

Parce que ce genre de gueux, c’est bel et bien un concurrent : un collègue, c’est un tatoueur pro, un gars qui à, dans 99% des cas, un shop, ou qui bosse dedans…

Ces deux dernières années, des jeunes hyènes putrides ont tentés le coup ; j’ai surnommé l’un "Toison d’or", l’autre "l’enchanteur". L’un et l’autre, la bouche en cœur, se sont pointés pour mendier des conseils. Moi, bonne pomme, je leurs ai filé un ou deux conseils (pas tout, faut pas exagérer, hein!). Ces deux illuminés du bulbe, à peine rentrés dans les tanières, n’ont rien eu de plus pressé que d’aller sur fesse de bouc, proposer leurs misérables services respectifs à certaines de mes clientes (et , bien sûr, parmi les plus jolies, les sagouins!).

Alors, que les choses soient claires : le savoir, c’est pas gratos, ça s’obtient par le travail et la sueur. Je partage-parfois- le mien, mais j’ai horreur qu’on me pisse dans les bottes, surtout quand c’est de la part de couilles de loups qui osent me demander si c’est chaud, et qui tentent de me faire croire qu’il pleut!

Vu?