jeudi 18 mai 2017

Breves de gosses 1°

Les enfants, il y en a de deux sortes : les nôtres et ceux des autres. Et, un peu comme les pets, on a tous tendance à supporter plus facilement les nôtres.

Ceux des autres sont, en général, moins bien élevés et plus bruyants que la moyenne communément admise. Lequel d’entre nous n’a jamais subi, au cours d’un voyage de longue durée, le charmant bambin assis à la place juste derrière qui balance allègrement de grands coups de lattes dans le dossier du siège sur lequel on est assis ? Le pire, c’est que si l’on a l’infernale prétention de se retourner pour demander poliment aux parents de l’enfançon turbulent d’avoir l’amabilité de calmer leur mioche, on obtient la plupart du temps une réponse acariâtre dans laquelle il est question des inconvénients inhérents aux transports en commun. En bref, on n’avait qu’à rester chez soi.

Je voue donc un immense respect à ceux et celles qui font profession d’élever des gosses : puéricultrices, instituteurs et institutrices. Ces gens font preuve dans leurs sacerdoces, d’une patience dont je suis incapable. Ils ont pour noble mission de transformer en génies biens élevés des hordes de jeunes turbulents. Comme le dit si bien l’image certes caricaturale du prof qui répond aux parents : "Vous vous êtes mis à deux pour nous sortir un con pareil et je devrais tout seul en faire un Einstein ?"

Donc, je l’avoue, il y a ma fille, qui me donne chaque jour des leçons de vie, et les lardons des autres, qui me tapent sur les nerfs !

D'après moi, les lardons, c'est un truc inventé par Dieu pour tenir les gonzesses en laisse! Imagine qu’à l’origine, on naissait adulte, ayant fait la crise d'adolescence et le service militaire; On avait déjà une barbe de trois jours qui faisait du bien à la maman au moment de l'accouchement et une poche marsupiale contenant un carnet de mutuelle, un abonnement d'un an à la piscine Molitor et un couteau à cran d'arrêt. Seulement, dès sa sortie de l'hosto, la mère se choppait des velléités d'indépendance: elle sortait le soir pour jouer au billard ou pour aller à son cours de Zumba, et si son Seigneur ne la brossait pas suffisamment, ne dédaignait pas se faire reluire par quelqu'un d'autre que son propriétaire légitime. Du coup, le gars Dieu, il en était réduit à s'astiquer l'auréole tout seul et bectait d'un jambon-beurre plutôt que d'un navarin d'agneau, ce qui ne faisait pas son affaire. C'est alors qu'il inventât les mioches, histoire d'enchainer la Déesse à la casa; ce fut à la fois l'invention de l'esclavage et la prohibition des couteaux à cran d'arrêt!